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Le spleen Baudelaire

by Papillon de mai

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1.
L'albatros 04:17
L'albatros ( Charles Baudelaire) Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid! L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait! Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
2.
La musique 02:03
La Musique (Charles Baudelaire) La musique souvent me prend comme une mer ! Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther, Je mets à la voile ; La poitrine en avant et les poumons gonflés Comme de la toile, J'escalade le dos des flots amoncelés Que la nuit me voile ; Je sens vibrer en moi toutes les passions D'un vaisseau qui souffre ; Le bon vent, la tempête et ses convulsions Sur l'immense gouffre Me bercent. D'autres fois, calme plat, grand miroir De mon désespoir !
3.
L'invitation au voyage ( Charles Baudelaire) Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l'ambre. Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait A l'âme en secret Sa douce langue natale. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l'humeur est vagabonde; C'est pour assouvir Ton moindre désir Qu'ils viennent du bout du monde, --Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D'hyacinthe et d'or; Le monde s'endort Dans une chaude lumière. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
4.
Moesta et errabunda (Charles Baudelaire) Dis-moi, ton coeur parfois s'envole-t-il, Agathe, 
Loin du noir océan de l'immonde cité, 
 Vers un autre océan où la splendeur éclate, 
Bleu, clair, profond, ainsi que la virginité? 
 Dis-moi, ton cœur parfois s'envole-t-il, Agathe? 

La mer, la vaste mer, console nos labeurs! 
 Quel démon a doté la mer, rauque chanteuse 
 Qu'accompagne l'immense orgue des vents grondeurs, 
De cette fonction sublime de berceuse? 
 La mer, la vaste mer, console nos labeurs! 

 Emporte-moi wagon! enlève-moi, frégate! 
 Loin! loin! ici la boue est faite de nos pleurs! 
- Est-il vrai que parfois le triste cœur d'Agathe 
Dise: Loin des remords, des crimes, des douleurs, 
 Emporte-moi, wagon, enlève-moi, frégate? 

 Comme vous êtes loin, paradis parfumé, 
 Où sous un clair azur tout n'est qu'amour et joie, 
 Où tout ce que l'on aime est digne d'être aimé, 
 Où dans la volupté pure le cœur se noie! 
Comme vous êtes loin, paradis parfumé! 

 Mais le vert paradis des amours enfantines 
 Les courses, les chansons, les baisers, les bouquets, 
 Les violons vibrant derrière les collines, 
 Avec les brocs de vin, le soir, dans les bosquets, 
- Mais le vert paradis des amours enfantines, 

L'innocent paradis, plein de plaisirs furtifs, 
Est-il déjà plus loin que l'Inde et que la Chine? 
Peut-on le rappeler avec des cris plaintifs, 
Et l'animer encor d'une voix argentine, 
 L'innocent paradis plein de plaisirs furtifs?
5.
Spleen 03:16
Spleen (Charles Baudelaire) J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans, Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans, 
De vers, de billets doux, de procès, de romances, 
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances, 
Cache moins de secrets que mon triste cerveau. 
C'est une pyramide, un immense caveau, 
Qui contient plus de morts que la fosse commune. 
- Je suis un cimetière abhorré de la lune, 
Où comme des remords se traînent de longs vers 
Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers. 
Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées, 
Où gît tout un fouillis de modes surannées, 
Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher, 
Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché. Rien n'égale en longueur les boiteuses journées, 
Quand sous les lourds flocons des neigeuses années 
L' ennui, fruit de la morose incuriosité, 
Prend les proportions de l'immortalité. 
- Désormais tu n'es plus, ô matière vivante! 
Qu'un granit entouré d'une vague épouvante, 
Assoupi dans le fond d'un Sahara brumeux; 
Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux, 
Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche 
Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couche.
6.
Le balcon 03:50
Le balcon ( Charles Baudelaire) Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses, Ô toi, tous mes plaisirs ! Ô toi, tous mes devoirs ! Tu te rappelleras la beauté des caresses, La douceur du foyer et le charme des soirs, Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses !     Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon, Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses. Que ton sein m'était doux ! Que ton cœur m'était bon ! Nous avons dit souvent d'impérissables choses Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon.     Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées ! Que l'espace est profond ! Que le cœur est puissant ! En me penchant vers toi, reine des adorées, Je croyais respirer le parfum de ton sang. Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !     La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison, Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles, Et je buvais ton souffle, ô douceur ! Ô poison ! Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles. La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison.     Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses, Et revis mon passé blotti dans tes genoux. Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton cœur si doux ? Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses !     Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis, Renaîtront-ils d'un gouffre interdit à nos sondes, Comme montent au ciel les soleils rajeunis Après s'être lavés au fond des mers profondes ? - Ô serments ! Ô parfums ! Ô baisers infinis !
7.
A une passante (Charles Baudelaire) La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balancant le feston et l'ourlet ; Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue. Un éclair... puis la nuit ! --Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ? Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-étre ! Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, O toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
8.
Hymne à la Beauté ( Charles Baudelaire) Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme, O Beauté? ton regard, infernal et divin, Verse confusément le bienfait et le crime, Et l'on peut pour cela te comparer au vin. Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore; Tu répands des parfums comme un soir orageux; Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore Qui font le héros lâche et l'enfant courageux. Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres? Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien; Tu sèmes au hasard la joie et les désastres, Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien. Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques; De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant, Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques, Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement. L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle, Crépite, flambe et dit: Bénissons ce flambeau! L'amoureux pantelant incliné sur sa belle A l'air d'un moribond caressant son tombeau. Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe, Ô Beauté! monstre énorme, effrayant, ingénu! Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu? De Satan ou de Dieu, qu'importe? Ange ou Sirène, Qu'importe, si tu rends, — fée aux yeux de velours, Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine! — L'univers moins hideux et les instants moins lourds?
9.
Sed non satiata ( Charles Baudelaire) Bizarre déité, brune comme les nuits, Au parfum mélangé de musc et de havane, Œuvre de quelque obi, le Faust de la savane, Sorcière au flanc d'ébène, enfant des noirs minuits, Je préfère au constance, à l'opium, au nuits, L'élixir de ta bouche où l'amour se pavane ; Quand vers toi mes désirs partent en caravane, Tes yeux sont la citerne où boivent mes ennuis. Par ces deux grands yeux noirs, soupiraux de ton âme, Ô démon sans pitié ! Verse-moi moins de flamme ; Je ne suis pas le Styx pour t'embrasser neuf fois, Hélas ! Et je ne puis, mégère libertine, Pour briser ton courage et te mettre aux abois, Dans l'enfer de ton lit devenir Proserpine !
10.
Un hémisphère dans une chevelure ( Charles Baudelaire) Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l'air. Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! tout ce que je sens! tout ce que j'entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique. Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures, ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l'espace est plus bleu et plus profond, où l'atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine. Dans l'océan de ta chevelure, j'entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d'hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l'éternelle chaleur. Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d'un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes. Dans l'ardent foyer de ta chevelure, je respire l'odeur du tabac mêlée à l'opium et au sucre ; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l'infini de l'azur tropical ; sur les rivages duvetés de ta chevelure, je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco. Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs.
11.
Les bijoux 03:44
Les Bijoux (Charles Baudelaire) La très chère était nue, et, connaissant mon coeur, Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores, Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores. Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur, Ce monde rayonnant de métal et de pierre Me ravit en extase, et j'aime à la fureur Les choses où le son se mêle à la lumière. Elle était donc couchée et se laissait aimer, Et du haut du divan elle souriait d'aise A mon amour profond et doux comme la mer, Qui vers elle montait comme vers sa falaise. Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté, D'un air vague et rêveur elle essayait des poses, Et la candeur unie à la lubricité Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ; Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins, Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne, Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ; Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne, S'avançaient, plus câlins que les Anges du mal, Pour troubler le repos où mon âme était mise, Et pour la déranger du rocher de cristal Où, calme et solitaire, elle s'était assise. Je croyais voir unis par un nouveau dessin Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe, Tant sa taille faisait ressortir son bassin. Sur ce teint fauve et brun, le fard était superbe ! --Et la lampe s'étant résignée à mourir, Comme le foyer seul illuminait la chambre, Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir, Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre !
12.
Parfum exotique ( Baudelaire) Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne, Je respire l'odeur de ton sein chaleureux, Je vois se dérouler des rivages heureux Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone ; Une île paresseuse où la nature donne Des arbres singuliers et des fruits savoureux ; Des hommes dont le corps est mince et vigoureux, Et des femmes dont l'oeil par sa franchise étonne. Guidé par ton odeur vers de charmants climats, Je vois un port rempli de voiles et de mâts Encor tout fatigués par la vague marine, Pendant que le parfum des verts tamariniers, Qui circule dans l'air et m'enfle la narine, Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.
13.
Chant d'Automne (Charles Baudelaire) Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres; Adieu, vive clarté de nos étés trop courts! J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres Le bois retentissant sur le pavé des cours. Tout l'hiver va rentrer dans mon être: colère, Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé, Et, comme le soleil dans son enfer polaire, Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé. J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd. Mon esprit est pareil à la tour qui succombe Sous les coups du bélier infatigable et lourd. II me semble, bercé par ce choc monotone, Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part. Pour qui? - C'était hier l'été; voici l'automne! Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.
14.
Elévation 05:04
Elévation ( Baudelaire) Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, Des montagnes, des bois, des nuages, des mers, Par delà le soleil, par delà les éthers, Par delà les confins des sphères étoilées, Mon esprit, tu te meus avec agilité, Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde, Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde Avec une indicible et mâle volupté. Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ; Va te purifier dans l'air supérieur, Et bois, comme une pure et divine liqueur, Le feu clair qui remplit les espaces limpides. Derrière les ennuis et les vastes chagrins Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse, Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse S'élancer vers les champs lumineux et sereins ; Celui dont les pensées, comme des alouettes, Vers les cieux le matin prennent un libre essor, -- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort Le langage des fleurs et des choses muettes !
15.
L’Heautontimoroumenos (Charles Baudelaire)   Je te frapperai sans colère Et sans haine, comme un boucher, Comme Moïse le rocher! Et je ferai de ta paupière,   Pour abreuver mon Saharah, Jaillir les eaux de la souffrance. Mon désir gonflé d'espérance Sur tes pleurs salés nagera   Comme un vaisseau qui prend le large, Et dans mon cœur qu'ils soûleront Tes chers sanglots retentiront Comme un tambour qui bat la charge!   Ne suis-je pas un faux accord Dans la divine symphonie, Grâce à la vorace ironie Qui me secoue et qui me mord?   Elle est dans ma voix, la criarde! C'est tout mon sang, ce poison noir! Je suis le sinistre miroir Où la mégère se regarde.   Je suis la plaie et le couteau! Je suis le soufflet et la joue, Je suis les membres et la roue, Et la victime et le bourreau!   Je suis de mon cœur le vampire, Un de ces grands abandonnés Au rire éternel condamnés Et qui ne peuvent plus sourire!
16.
Le Vin des amants (Charles Baudelaire) Aujourd'hui l'espace est splendide ! Sans mors, sans éperons, sans bride, Partons à cheval sur le vin Pour un ciel féerique et divin ! Comme deux anges que torture Une implacable calenture, Dans le bleu cristal du matin Suivons le mirage lointain ! Mollement balancés sur l'aile Du tourbillon intelligent, Dans un délire parallèle, Ma soeur, côte à côte nageant, Nous fuirons sans repos ni trêves Vers le paradis de mes rêves !
17.
Enivrez-vous 03:00
Hymne à la Beauté (Charles Baudelaire) Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme, O Beauté? ton regard, infernal et divin, Verse confusément le bienfait et le crime, Et l'on peut pour cela te comparer au vin. Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore; Tu répands des parfums comme un soir orageux; Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore Qui font le héros lâche et l'enfant courageux. Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres? Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien; Tu sèmes au hasard la joie et les désastres, Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien. Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques; De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant, Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques, Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement. L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle, Crépite, flambe et dit: Bénissons ce flambeau! L'amoureux pantelant incliné sur sa belle A l'air d'un moribond caressant son tombeau. Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe, Ô Beauté! monstre énorme, effrayant, ingénu! Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu? De Satan ou de Dieu, qu'importe? Ange ou Sirène, Qu'importe, si tu rends, — fée aux yeux de velours, Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine! — L'univers moins hideux et les instants moins lourds?

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released October 20, 2015

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